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la table. Lorsqu’on en fut à se partager les casquettes, Silvio dit adieu à chacun de nous, mais il me prit la main et me retint au moment même où j’allais sortir.

— J’ai besoin de causer un peu avec vous, me dit-il tout bas.

Je restai.

Les autres partirent et nous demeurâmes seuls, assis l’un en face de l’autre, fumant nos pipes en silence. Silvio semblait soucieux et il ne restait plus sur son front la moindre trace de sa gaieté convulsive. Sa pâleur sinistre, ses yeux ardents, les longues bouffées de fumée qui sortaient de sa bouche, lui donnaient l’air d’un vrai démon. Au bout de quelques minutes, il rompit le silence.

— Il se peut, me dit-il, que nous ne nous revoyions jamais : avant de nous séparer, j’ai voulu avoir une explication avec vous. Vous