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passèrent et le lieutenant vivait toujours. Nous nous disions, tout ébahis : « Est-ce que Silvio ne se battra pas ? » Silvio ne se battit pas. Il se contenta d’une explication très-légère et tout fut dit.

Cette longanimité lui fit beaucoup de tort parmi nos jeunes gens. Le manque de hardiesse est ce que la jeunesse pardonne le moins, et, pour elle, le courage est le premier de tous les mérites, l’excuse de tous les défauts. Pourtant, petit à petit tout fut oublié, et Silvio reprit parmi nous son ancienne influence.

Seul, je ne pus me rapprocher de lui. Grâce à mon imagination romanesque, je m’étais attaché plus que personne à cet homme dont la vie était une énigme, et j’en avais fait le héros d’un drame mystérieux. Il m’aimait ; du moins, avec moi seul, quittant son ton tran-