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vre village où il vivait très-mal tout en faisant grande dépense. II sortait toujours à pied avec une vieille redingote noire, et cependant tenait table ouverte pour tous les officiers de notre régiment. A la vérité, son dîner ne se composait que de deux ou trois plats apprêtés par un soldat réformé, mais le champagne y coulait par torrents. Personne ne savait sa fortune, sa condition, et personne n’osait le questionner à cet égard. On trouvait chez lui des livres, — des livres militaires surtout, — et aussi des romans. Il les donnait volontiers à lire et ne les redemandait jamais ; par contre, il ne rendait jamais ceux qu’on lui avait prêtés. Sa grande occupation était de tirer le pistolet ; les murs de sa chambre, criblés de balles, ressemblaient à des rayons de miel. Une riche collection de pistolets, voilà le seul luxe de la misérable baraque qu’il ha-