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pas une maison qui reçût, pas une demoiselle à marier. Nous passions notre temps les uns chez les autres, et, dans nos réunions, on ne voyait que nos uniformes.

Il y avait pourtant dans notre petite société un homme qui n’était pas militaire. On pouvait lui donner environ trente cinq ans ; aussi nous le regardions comme un vieillard. Parmi nous, son expérience lui donnait une importance considérable ; en outre, sa taciturnité, son caractère altier et difficile, son ton sarcastique faisaient une grande impression sur nous autres jeunes gens. Je ne sais quel mystère semblait entourer sa destinée. Il paraissait être Russe, mais il avait un nom étranger. Autrefois, il avait servi dans un régiment de hussards et même y avait fait figure ; tout à coup, donnant sa démission, on ne savait pour quel motif, il s’était établi dans un pau-