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gée, je vis son cheval se cabrer tout à coup, et lui, tirant les rênes à deux mains. Sans me demander pourquoi il faisait ce mouvement singulier, j’arrivai sur lui comme un boulet, je lui plantai ma latte au beau milieu du dos en même temps que le sabot de ma jument frappait sa cuisse gauche. Homme et cheval disparurent ; ma jument et moi, nous tombâmes après eux.

Sans nous en être aperçus, nous étions arrivés au bord d’un précipice et nous étions lancés... Pendant que j’étais encore en l’air, — la pensée va vite ! — je me dis que le corps de l’Arabe amortirait ma chute. Je vis distinctement sous moi un bournous blanc avec une grande tache rouge : c’est là que je tombai à pile ou face.

Le saut ne fut pas si terrible que je l’avais cru, grâce à la hauteur de l’eau ; j’en eus par-