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point du jour, et nos deux colonnes avaient plusieurs heures d’avance sur lui.

La nuit était faite quand nous montâmes à cheval. Je commandais le peloton d’avant-garde. Je me sentais fatigué, j’avais froid ; je mis mon manteau, j’en relevai le collet, je chaussai mes étriers, et j’allais tranquillement au grand pas de ma jument, écoutant avec distraction le maréchal des logis Wagner, qui me racontait l’histoire de ses amours, malheureusement terminées par la fuite d'une infidèle qui lui avait emporté avec son cœur une montre d’argent et une paire de bottes neuves. Je savais déjà cette histoire, et elle me semblait encore plus longue que de coutume.

La lune se levait comme nous nous mettions en route. Le ciel était pur, mais du sol s’élevait un petit brouillard blanc, rasant la terre, qui semblait couverte de cardes de coton. Sur