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tures, les cheveux crépus et si touffus, qu’on aurait cru de loin qu’il avait un colback sur la tête, la barbe blanche et hérissée, dirigeait la représentation.

C’était, disait-on, un grand saint et un grand sorcier.

Devant lui, un orchestre composé de deux flûtes et de trois tambours faisait un tapage infernal, digne de la pièce qui allait se jouer. Il disait qu’il avait reçu d’un marabout fort renommé tout pouvoir sur les démons et les bêtes féroces, et, après un petit compliment à l’adresse du colonel et du respectable public, il procéda à une sorte de prière ou d’incantation, appuyée par sa musique, tandis que les acteurs sous ses ordres sautaient, dansaient, tournaient sur un pied et se frappaient la poitrine à grands coups de poing.