cent cinquante pas. Le trait suivant fera connaître à la fois son adresse et sa générosité.
Un capitaine Castro, officier rempli de courage et d’activité, qui poursuit, dit-on, les voleurs, autant pour satisfaire une vengeance personnelle que pour remplir son devoir de militaire, apprit par un de ses espions que Jose Maria se trouverait tel jour dans une aldea écartée où il avait une maîtresse. Castro, au jour indiqué, monte à cheval, et, pour ne pas éveiller les soupçons en mettant trop de monde en campagne, il ne prend avec lui que quatre lanciers. Quelques précautions qu’il mît en usage pour cacher sa marche, il ne put si bien faire que Jose Maria n’en fût instruit. Au moment où Castro, après avoir passé une gorge profonde, entrait dans la vallée où était située l’aldea de la maîtresse de son ennemi, douze cavaliers bien montés paraissent tout à coup sur son flanc, et beaucoup plus près que lui de la gorge par où seulement il pouvait faire sa retraite. Les lanciers se crurent perdus. Un homme monté sur un cheval bai se détache au galop de la troupe des voleurs, et arrête son cheval tout court à cent pas de Castro. — « On ne surprend pas Jose Maria, » s’écrie-t-il. « Capitaine Castro, que vous ai-je fait pour que vous vouliez me livrer à la justice ? Je pourrais vous tuer ; mais les hommes de cœur sont devenus rares, et je vous donne la vie. Voici un souvenir qui vous apprendra à m’éviter. À votre schako ! » En parlant ainsi il l’ajuste, et d’une balle il traverse le haut du schako du capitaine. Aussitôt il tourna bride et disparut avec ses gens.
Voici un autre exemple de sa courtoisie.
On célébrait une noce dans une métairie des environs d’Andujar. Les mariés avaient déjà reçu les compliments de leurs amis, et l’on allait se mettre à table sous un grand figuier devant la porte de la maison ; chacun était en disposition de bien faire, et les émanations des jasmins