— Voudriez-vous, ajouta-t-il timidement, voudriez-vous en faire dire une autre pour une personne qui vous a offensé ?
— Assurément, mon cher, lui dis-je ; mais personne, que je sache, ne m’a offensé en ce pays.
Il me prit la main et la serra d’un air grave. Après un moment de silence, il reprit :
— Oserai-je encore vous demander un service ?… Quand vous reviendrez dans votre pays, peut-être passerez-vous par la Navarre : au moins vous passerez par Vittoria, qui n’en est pas fort éloignée.
— Oui, lui dis-je, je passerai certainement par Vittoria ; mais il n’est pas impossible que je me détourne pour aller à Pampelune, et à cause de vous, je crois que je ferais volontiers ce détour.
— Eh bien ! si vous allez à Pampelune, vous y verrez plus d’une chose qui vous intéressera… C’est une belle ville… Je vous donnerai cette médaille (il me montrait une petite médaille d’argent qu’il portait au cou), vous l’envelopperez dans du papier… il s’arrêta un instant pour maîtriser son émotion… et vous la remettrez ou vous la ferez remettre à une bonne femme dont je vous dirai l’adresse. — Vous direz que je suis mort, vous ne direz pas comment.