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— Alors, vous seriez donc Moresque, ou… je m’arrêtais, n’osant dire : juive.

— Allons, allons ! vous voyez bien que je suis bohémienne ; voulez-vous que je vous dise la baji[1] ? Avez-vous entendu parler de la Carmencita ? C’est moi.

J’étais alors un tel mécréant, il y a de cela quinze ans, que je ne reculai pas d’horreur en me voyant à côté d’une sorcière. — Bon ! me dis-je ; la semaine passée, j’ai soupé avec un voleur de grands chemins, allons aujourd’hui prendre des glaces avec une servante du diable. En voyage il faut tout voir. J’avais encore un autre motif pour cultiver sa connaissance. Sortant du collège, je l’avouerais à ma honte, j’avais perdu quelques temps à étudier les sciences occultes et même plusieurs fois j’avais tenté de conjurer l’esprit de ténèbres. Guéri depuis longtemps de la passion de semblables recherches, je n’en conservais pas moins un certain attrait de curiosité pour toutes les superstitions, et me faisais une fête d’apprendre jusqu’où s’était élevé l’art de la magie parmi les Bohémiens.

Tout en causant, nous étions entrés dans la neveria, et nous étions assis à une petite table éclairée par une bougie renfermée dans un globe de verre. J’eus alors

  1. La bonne aventure.