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Voici deux cents roubles ; ne prenez pas la peine de les compter.

« Khlestakof. — Mille remerciements… Je vois que vous êtes un galant homme. Je m’en étais toujours douté.

« Le gouverneur. — Loué soit Dieu ! il prend l’argent. Nous allons être bien ensemble ! Au lieu de deux cents roubles, je lui en ai donné quatre cents. »

Le gouverneur invite Khlestakof à venir loger chez lui, et, en attendant qu’on transporte son bagage, à visiter quelques établissements publics. Respectant l’incognito de l’inspecteur général, il affecte de ne le traiter que comme un étranger de distinction. Au troisième acte, nous nous retrouvons dans la maison du gouverneur, dont la femme et la fille en grande toilette attendent avec une impatiente curiosité l’hôte illustre qui leur est annoncé. Il arrive, escorté de tous les employés de la ville, après un dîner magnifique que vient de lui donner le directeur de l’hospice. Khlestakof, en pointe de vin, enchanté de l’accueil qu’on lui fait et qu’il attribue à sa bonne mine, fait l’aimable avec madame la gouvernante, et, pour achever d’éblouir ces bons provinciaux, il leur parle de la vie qu’on mène à Pétersbourg et de la figure qu’il y fait. De hâblerie en hâblerie, s’échauffant par ses propres mensonges, il tranche de l’homme d’importance, et laisse entendre que rien ne se