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Ainsi, aux approches de l’hiver, devant les premiers brouillards, on voit s’envoler à grands cris, vers le sud, une volée de grues retardataires. Atteinte par un plomb funeste, une seule demeure, traînant son aile blessée sur la terre.

La nuit vint. Devant le chariot abandonné, nul feu ne brilla cette nuit : sous la couverture du chariot, personne ne dormit jusqu’à l’aurore.


ÉPILOGUE.

Ainsi par le pouvoir des vers, dans ma mémoire obscurcie, revivent les visions des jours écoulés parmi la liesse ou l’ennui. Dans ces lieux, longtemps, longtemps a retenti l’effrayante voix de la guerre. Là le Russe a marqué une frontière à Stamboul. Là notre vieil aigle, à la double tête, entend redire encore ses gloires passées. C’est là, au milieu de la steppe, sur des retranchements en ruines, que je rencontrai les chariots des Bohémiens, ces paisibles fils de la liberté.

Mais le bonheur ne se trouve pas même parmi vous,