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ZEMFIRA.

Son amour me fatigue. Il m’ennuie. Mon cœur reveut sa liberté, et déjà… Mais, chut, écoute, il prononce un autre nom.

LE VIEILLARD.

Quel nom ?

ZEMFIRA.

Écoute ; quel râle douloureux ! Il grince des dents… Il fait peur. Je vais le réveiller.

LE VIEILLARD.

Tu l’essayerais en vain. Ne trouble pas l’esprit de la nuit. Il s’en ira de lui-même.

ZEMFIRA.

Il s’agite, il se soulève, il m’appelle, le voilà réveillé. Je vais à lui. Adieu. Dors.

ALEKO.

Où étais-tu ?

ZEMFIRA.

J’étais à veiller auprès de mon père. Tout à l’heure un esprit te tourmentait. En songe ton âme souffrait la torture. Tu m’as effrayée. Tu râlais, tu grinçais des dents, et puis tu m’as appelée.