Page:Mérimée - Carmen.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.

hurlent à la cornemuse qui ronfle, tandis que les roues grincent sur le gravier. Cohue, misère, sauvagerie ! Mais tout cela est si plein de vie et de mouvement ! Fi de notre mollesse inerte comme la mort, fi de notre indolente langueur, monotone comme les chants de l’esclave !


Le jeune homme promène un regard découragé sur la plaine déserte. Il n’ose s’avouer à lui-même la cause secrète de sa tristesse. Pourtant, Zemfira, la belle aux yeux noirs, est à ses côtés. Maintenant, il est libre et le monde est devant lui. Sur sa tête un radieux soleil brille dans sa splendeur de midi. Pourquoi le cœur du jeune homme tressaille-t-il en sa poitrine ? quel secret ennui le tourmente ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

« L’oiselet du bon Dieu ne connaît ni souci ni travail. Pourquoi se fatiguerait-il à tresser un lit et solide et durable ? La nuit est longue, un rameau lui suffit pour dormir. Vienne le soleil en sa gloire, l’oiselet entend la voix de Dieu, il secoue ses plumes et chante sa chanson.

« Après le printemps, splendeur de la nature, vient l’été avec ses ardeurs ; puis arrive le tardif automne