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II

La vieille comtesse Anna Fedotovna était dans son cabinet de toilette, assise devant une glace. Trois femmes de chambre l’entouraient : l’une lui présentait un pot de rouge, une autre une boîte d’épingles noires ; une troisième tenait un énorme bonnet de dentelles avec des rubans couleur de feu. La comtesse n’avait plus la moindre prétention à la beauté ; mais elle conservait toutes les habitudes de sa jeunesse, s’habillait à la mode d’il y a cinquante ans, et mettait à sa toilette tout le temps et toute la pompe d’une petite-maîtresse du siècle passé. Sa demoiselle de compagnie travaillait à un métier dans l’embrasure de la fenêtre.

— Bonjour, grand’maman, dit un jeune officier en entrant dans le cabinet ; bonjour, mademoiselle Lise. Grand’maman, c’est une requête que je viens vous porter.

— Qu’est-ce que c’est, Paul ?