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III

LA MÊME À LA MÊME


Noirmoutiers… février 1845.

Décidément je ne m’ennuie pas à Noirmoutiers. D’ailleurs, j’ai trouvé une occupation intéressante, et c’est à mon abbé que je la dois. Mon abbé sait tout, assurément, et en outre la botanique. Je me suis rappelé les Lettres de Rousseau, en l’entendant nommer en latin un vilain oignon que, faute de mieux, j’avais mis sur ma cheminée. — « Vous savez donc la botanique ? — Fort mal, répondit-il. Assez cependant pour indiquer aux gens de ce pays les simples qui peuvent leur être utiles ; assez surtout, il faut bien l’avouer, pour donner quelque intérêt à mes promenades solitaires. » J’ai compris tout de suite qu’il serait très-amusant de cueillir de belles fleurs dans mes courses, de les faire sécher et de les ranger proprement dans « mon vieux Plu-