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nant la main, soyez raisonnable. Écoutez-moi. Rappelez-vous ce que vous m’avez promis ! Puis elle jeta un regard calme, mais impérieux à Max, qui sortit aussitôt. Arsène retomba sur le lit ; en le voyant sortir, elle s’était évanouie.

Madame de Piennes et la garde, qui rentra peu après, la secoururent avec l’adresse qu’ont les femmes en ces sortes d’accidents. Par degrés, Arsène reprit connaissance. D’abord elle promena ses regards par toute la chambre, comme pour y chercher celui qu’elle se rappelait y avoir vu tout à l’heure ; puis elle tourna ses grands yeux noirs vers madame de Piennes, et la regardant fixement :

— C’est votre mari ? dit-elle.

— Non, répondit madame de Piennes en rougissant un peu, mais sans que la douceur de sa voix en fût altérée ; M. de Salligny est mon parent. — Elle crut pouvoir se permettre ce petit mensonge pour expliquer l’empire qu’elle avait sur lui.

— Alors, dit Arsène, c’est vous qu’il aime ! Et elle attachait toujours sur elle ses yeux ardents comme deux flambeaux

— Il !… Un éclair brilla sur le front de madame de Piennes. Un instant, ses joues se colorèrent d’un vif in-