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— J’ai tort, c’est vrai ; mais… arrivé d’aujourd’hui, n’aurais-je pas l’air bien empressé ?…

— Eh bien, vous ferez comme vous voudrez ; mais voyez-vous, Max,… comme l’amie de votre tante, j’ai le droit de vous parler franchement : évitez vos connaissances d’autrefois. Le temps a dû rompre tout naturellement bien des liaisons qui ne vous valaient rien, ne les renouez pas : je suis sûre de vous tant que vous ne serez pas entraîné. À votre âge… à notre âge, il faut être raisonnable. Mais laissons un peu les conseils et les sermons, et parlez-moi de ce que vous avez fait depuis que nous ne nous sommes vus. Je sais que vous êtes allé en Allemagne, puis en Italie ; voilà tout. Vous m’avez écrit deux fois, sans plus ; qu’il vous en souvienne. Deux lettres en deux ans, vous sentez que cela ne m’en a guère appris sur votre compte.

— Mon Dieu ! madame, je suis bien coupable… mais je suis si… il faut bien le dire, — si paresseux !… J’ai commencé vingt lettres pour vous ; mais que pouvais-je vous dire qui vous intéressât ?… Je ne sais pas écrire des lettres, moi… Si je vous avais écrit toutes les fois que j’ai pensé à vous, tout le papier de l’Italie n’aurait pu y suffire.

— Eh bien, qu’avez-vous fait ? comment avez-vous