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Paris, 20 septembre 1859.

Il y a certainement un mauvais génie qui se mêle de nos affaires. Je crains de partir sans vous avoir vue. J’avais résolu de quitter Paris le 30, pour être à Bayonne le 1er. Il se trouve qu’aux diligences et à la malle-poste de Madrid, toutes les places sont prises jusqu’au 16 octobre. Il faut donc se résoudre à prendre la voie de mer, c’est-à-dire à partir par les paquebots de Marseille à Alicante. S’il ne survient pas quelque nouvelle anicroche, je serai le 28 au soir à Marseille (mon jour de naissance, par parenthèse), et, le 29, je me mets en route. Bien que vous m’ayez fait cruellement enrager cet été par vos si et vos non, je vous assure que je suis bien triste de ne pas vous dire adieu. Après avoir été si longtemps sans vous voir, recommencer un autre bail d’absence presque aussi long ! Qui sait si, lorsque je reviendrai, vous serez aussi à Paris ? Je pars avec toute