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on leur cherche une signification et on n’en trouve pas. Les Anglais se calment beaucoup ; les Allemands beaucoup moins. Je crains bien plus les premiers que les autres. On parle toujours de l’alliance russe ; je n’y crois nullement ; les Russes n’ont rien à perdre dans la querelle, et, de quelque façon que cela tourne, ils trouveront toujours leur avantage. En attendant, ils s’amusent à faire des intrigues panslavistes parmi les sujets autrichiens, qui regardent l’empereur Alexandre comme leur pape. Le général Klapka est parti de Paris, il y a trois semaines, pour aller fonder une banque à Constantinople. Plusieurs autres officiers hongrois ont pris le même chemin ; ce qui me semble un assez mauvais signe. Une révolution en Hongrie n’est pas impossible ; mais je crois qu’il y aurait pour nous plus de mal que de bien.

Rien de nouveau de la guerre. Les Autrichiens ont l’air un peu honteux et modestes. On s’attend à ce que, avant la fin du mois, il y ait une affaire. Nos gens sont très-dispos et d’un entrain admirable. Ici, le peuple et les petits marchands sont belliqueux. La grande masse prend un vif