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tête de nos gens. Tenez pour certain qu’ils seront choyés, qu’ils mangeront des macaroni stupendi, tandis que les Autrichiens pourront trouver quelquefois du vert-de-gris dans leur soupe. Si j’avais l’âge de votre frère, une campagne en Italie serait pour moi la plus agréable manière de voir un des spectacles toujours beaux, le réveil d’un peuple opprimé.

Adieu, chère amie ; donnez-moi promptement de vos nouvelles et tenez-moi au courant de vos projets.

CXCIV

Paris, 7 mai 1859.

Je ne vous ai pas répondu tout de suite, parce que je m’attendais à recevoir de vous une nouvelle adresse. Je ne puis croire que vous soyez encore à *** ; mais j’espère que cette lettre vous rattrapera quelque part, fût-ce à Turin, si vous êtes allée jusque-là. Maintenant que la guerre est déclarée, figurez-vous bien que tous les coups de canon ne portent pas, et qu’il y a beau