Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suis allé hier à l’Exposition, qui m’a semblé d’un médiocre désespérant. L’art tend à un nivellement qui est au fond la platitude.

CXCIII

Paris, jeudi 28 avril 1859.

J’ai reçu votre lettre hier au soir. Je suppose que vous vous arrêterez à ***. Ce serait folie d’aller plus loin. Je ne vous dirai pas tout ce que vous savez de la part que je prends à vos peines. Quand on est la sœur d’un militaire, il faut se faire aux émotions du canon. Au reste, depuis hier soir, on est plus à la paix qu’on ne l’était il y a quelques jours. Il paraît même qu’il y a des chances de l’acceptation, par l’Autriche, de l’arbitrage offert par l’Angleterre et même par nous. Cependant, il part beaucoup de troupes, et il y a déjà deux divisions à Gênes, débarquées sous une pluie de fleurs. Je crois à la guerre toutefois. Je ne crois pas qu’elle soit longue, et j’espère qu’après un premier choc toute l’Europe se mettra