Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CCCXIII

Cannes, 2 janvier 1869.

Chère amie, vous n’avez donc pas reçu une lettre que je vous ai adressée le mois passé à P… Je crains qu’elle n’ait été perdue. Je ne prétends pas cependant me justifier tout à fait. Si vous saviez quelle vilaine et monotone vie je mène, vous comprendriez que c’est bien assez de la supporter sans en rendre compte. Le fait est que je vais mal. Pas le moindre progrès ! au contraire, on n’a pas même réussi à pallier les spasmes douloureux que j’éprouve de temps en temps. Nous avons un ciel et une mer magnifiques, et leurs influences, qui autrefois me rendaient la santé, sont nulles maintenant. Que faut-il faire ? je n’en sais rien, mais souvent j’ai grand désir que cela finisse. Votre voyage me parait très-agréable ; mais je n’approuve pas votre retour par le Tyrol dans la saison que vous me dites. Vous aurez beaucoup de neige. Vous perdrez la peau de vos