Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

patraque avant l’hiver, que deviendrai-je lorsqu’il fera réellement froid ? Voilà ce qui me préoccupe très-désagréablement. Depuis trois ou quatre jours, cependant, je suis un peu moins mal.

J’ai fait, au milieu de mes insomnies, une copie soignée du Trouveur de miel[1], avec les changements que vous m’avez conseillés et qui me paraissent l’avoir amélioré. Il demeure douteux que l’ours ait poussé ses attentats jusqu’au point de troubler une généalogie illustre. Cependant, les personnes intelligentes comme vous comprendront qu’il est arrivé un accident très-grave. J’ai envoyé cette nouvelle édition à M. Tourguenief pour la révision de la couleur locale, dont je suis un peu en peine. Le diable, c’est que ni lui ni moi n’avons pu trouver un Lithuanien qui sût sa langue et connût son pays. J’avais quelque envie d’envoyer cela à l’impératrice pour sa fête ; mais j’ai résisté à la tentation, et j’ai bien fait. Dieu sait ce que l’ours serait devenu, au milieu du monde qui est à Compiègne. — Nous avons eu un temps médiocre : ni froid ni vent,

  1. Lokis.