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de Breda. J’ai fini par reconnaître en elle la femme d’un général, qui avait autrefois les cheveux châtain foncé. Les mœurs font des progrès singuliers. Un monsieur fort bien dans le monde vivait maritalement avec la femme d’un autre monsieur. Rentrant chez lui, il la trouve avec un troisième monsieur ; sur quoi, il va trouver le mari et lui dit : « Je sais que vous désirez avoir des preuves de criminelle conversation pour obtenir une séparation de corps d’avec votre femme. Je vous apporte ces preuves. »

Il lui remet un paquet de lettres, et ils se séparent en se donnant des marques d’estime réciproque. Il ne paraît pas qu’on l’ait mis à la porte de son club ni d’aucun salon où il allait.

M. Tourguenief vient de m’envoyer une nouvelle très-courte, mais très-jolie, qui s’appelle le Brigadier. On la traduit en ce moment, et, si on m’envoie des épreuves, je vous en ferai part. Les romans anglais deviennent si horriblement ennuyeux, que je n’y puis mordre. Il me semble qu’il n’y a plus ici que M. Ponson du Terrail, mais les feuilletons sont trop courts.

Je crois que j’irai à Londres à la fin du mois ;