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procédé nouveau, et j’ai voulu essayer. Depuis cinq jours que je suis en traitement, il me semble que mon état s’est amélioré, et le médecin me donne assez bon espoir. On me met tous les matins dans un grand cylindre de fer, qui, je dois l’avouer, a l’air de ces monuments élevés par M. de Rambuteau. Il y a un bon fauteuil et des trous avec des glaces qui donnent assez de jour pour lire. On ferme une porte en fer et on refoule de l’air dans le cylindre avec une machine à vapeur. Au bout de quelques secondes, on sent comme des aiguilles qui vous entrent dans les oreilles. Peu à peu, on s’y habitue. Ce qui est plus important, c’est qu’on y respire merveilleusement. Je m’endors au bout d’une demi-heure, malgré la précaution que j’ai d’apporter la Revue des Deux Mondes. J’ai déjà pris quatre de ces bains d’air comprimé et je me trouve assez sensiblement mieux. Le médecin qui me gouverne, et qui n’a nullement l’encolure d’un charlatan, dit que mon cas n’est pas des pires et me promet de me guérir avec une quinzaine de bains. J’espère que je vous trouverai bientôt à Paris. Je regrette de ne pas assister à la discussion qui va avoir lieu