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apparence que tous les étrangers qui viennent à Paris gâtent beaucoup notre atmosphère. Je suis allé l’autre jour à l’Exposition, où j’ai vu les Japonaises, qui m’ont plu beaucoup. Elles ont une peau couleur de café au lait, d’une teinte très-agréable. Autant que j’ai pu juger par les plis de leurs robes, elles ont des jambes minces comme des bâtons de chaise, ce qui est fâcheux. En les regardant avec les nombreux badauds qui les entouraient, je me figurais que les Européennes feraient moins bonne contenance en présence d’un public japonais. Vous représentez-vous, vous, montrée ainsi à Yeddo, et un épicier du prince Satzouma disant : « Je voudrais bien savoir si cette bosse qu’a cette dame par derrière sa robe est bien à elle. » À propos de bosses, on n’en porte plus du tout, et cela prouve qu’on n’en avait pas ; car toutes les femmes se sont trouvées dans le même moment également à la mode.

Je suis en train de lire un livre abominable de madame *** contre M. S…, qu’elle appelle M. T… ; c’est tout ce qu’on peut lire de plus indécent. Avec cela, il y a une sorte de talent.