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tout de suite, espérant vous donner de meilleures nouvelles de moi ; mais, quoi que je fasse et que j’avale, je suis toujours horriblement grippé. Je ne vous décrirai pas tous mes maux, mais croyez que j’en suis accablé. J’espère que vous me plaindrez. Je ne dors ni ne mange. Je vous envie ces deux facultés, que vous possédez avec bien d’autres.

Je vous félicite d’avoir revu longuement le sultan. S’est-il montré plus aimable pour votre sexe qu’il n’a fait à Paris ? On me dit qu’on est très-mécontent de lui à l’Opéra. Le pacha d’Égypte a été plus bienveillant. Il a fait deux visites à mademoiselle ***, que je n’ose vous raconter, bien qu’elles fussent curieuses. On l’a réconcilié (c’est le pacha que je dis) avec son cousin Mustapha, mais on n’a jamais pu obtenir qu’ils prissent du café ensemble, chacun d’eux étant persuadé que ce serait trop dangereux, vu les grands progrès de la chimie. Si vous étiez à Paris, vous auriez vu quelque chose de très-beau qu’on m’a apporté. C’est une broche en forme d’écusson fleurdelisé, avec un portrait de Marie-Antoinette en miniature, fait probablement à Vienne avant