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Je viens de lire un petit livre sur les religions de l’Asie, de mon ami M. de Gobineau, qui m’a fort intéressé. Vous en jugerez à mon retour, si mieux n’aimez le lire auparavant. Cela est très-curieux et très-étrange. Il s’ensuit qu’en Perse on n’est plus guère musulman ; qu’il s’y fait des religions nouvelles, et, comme partout, des réchauffés de superstitions antiques qu’on croyait mortes mille fois et qui reparaissent tout d’un coup. Vous vous intéresserez beaucoup à une sorte de prophétesse qu’on a brûlée il y a quelques années, très-jolie et très-éloquente. Monseigneur l’évêque d’Orléans a passé par ici l’autre jour et est venu voir M. Cousin, à qui il a demandé sa voix pour M. de Champagny. Je croyais que mon président Troplong essayerait de succéder à M. Dupin ; mais il a peur, à ce qu’il paraît, de nos burgraves, qui, en effet, seraient charmés de lui jouer un mauvais tour. On me parle de Henri Martin et d’Amédée Thierry, tous gens propres à faire l’éloge de M. Dupin comme moi à jouer de la contre-basse. Si je suis à Paris, je voterai comme vous me conseillerez. Je pense être à Paris au commencement du mois prochain. Ce qui se dit et se fait en ce