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CCLXXXVII

Cannes, 20 février 1866.

Chère amie, vous m’accusez de paresse, vous qui en êtes le vrai modèle ! Vous qui vivez à Paris et qui parlez des choses avec les honnêtes gens, vous devriez me tenir au courant de ce qui se passe et se dit dans la grande ville ; vous n’en contez jamais assez. Est-il vrai que la crinoline est proscrite à présent, et qu’entre la robe et la peau il n’y a plus que la chemise ? S’il en est ainsi, vous reconnaîtrai-je en arrivant à Paris ? Je me souviens d’un vieillard qui me disait, lorsque j’étais jeune, qu’en entrant dans un salon où il trouvait des femmes sans paniers et sans poudre, il croyait voir des femmes de chambre assemblées en l’absence de leurs maîtresses. Je ne suis plus sûr qu’on puisse être femme sans crinoline.

J’ai laissé voter l’adresse sans moi, et elle n’y a pas perdu ; mais je vais être obligé de revenir