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jours. Pourquoi me les donne-t-on si amers ?

Il n’y a cette année à Cannes que le quart des étrangers qui y viennent ordinairement. Histoire d’un Parisien qui y a mangé trois homards et qui en est mort du choléra. Le pays a été mis aussitôt en suspicion, et les maires de Nice et de Cannes ont eu la mauvaise idée de faire démentir dans les journaux l’apparition du choléra, si bien que tout le monde y a cru. Quelques-uns de mes amis ont été aussi héroïques que moi, et nous faisons une petite colonie qui se passe assez bien de la foule. Je crains d’être obligé de retourner à Paris peu après l’ouverture de la Chambre, pour foudroyer de mon éloquence la loi des serinettes, dont je suis le rapporteur. J’ai écrit à M. Rouher pour lui offrir la paix et lui donner les moyens de se soustraire à mon éloquence. L’acceptera-t-il ? S’il avait la témérité de vouloir la guerre, attendez-vous à me voir à la fin de janvier, et gardez-moi un bel accueil du jour de l’an. Dans le cas où les choses tourneraient à la paix, c’est en février que je vous demanderais cela. Adieu, chère amie ; en attendant, je vous envoie tous mes souhaits et tous les plus tendres.