Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/289

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de ses feuilletons ? Personne ne manie comme lui le crime et l’assassinat ; j’en fais mes délices. Si vous étiez ici, j’essayerais d’ébranler votre orthodoxie en vous faisant lire un livre assez curieux sur Moïse, David et saint Paul. Ce ne sont pas des idylles comme en fait Renan, mais des dissertations un peu trop lardées de grec et même d’hébreu ; mais cela vaut la peine d’être lu ; et, recourant au texte, l’histoire de ce Yankee qui, voulant faire un roman, a fait une religion, et une religion assez florissante, n’est qu’un réchauffé. Rien de plus ordinaire que de pêcher une carpe quand on croit pêcher aux goujons. Mais vous n’aimez pas ces conversations-là, et vous avez raison ; l’on a autre chose à vous dire. Adieu, chère amie ; j’ai bien envie de vous revoir en personne vivante.