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gement d’air, peut être l’effet des secousses des treize ou quatorze heures de chemin de fer très-secouant. Il me semblait être dans un van. Ce matin, je suis mieux. Je n’ai encore vu personne, et je ne crois pas qu’il y ait personne encore à Paris. J’ai trouvé des lettres lamentables de gens qui ne me parlent que du choléra, etc., qui m’engagent à fuir Paris. Ici, personne n’y pense, à ce qu’on me dit, et, de fait, je crois que, sauf quelques ivrognes, il n’y a pas eu de malades sérieux. Si le choléra eût commencé par Paris, probablement on n’y aurait pas fait attention. Il a fallu la couardise des Marseillais pour nous en avertir. Je vous ai fait part de ma théorie au sujet du choléra : on n’en meurt que lorsqu’on le veut bien, et il est si poli, qu’il ne vient jamais vous visiter qu’en se faisant précéder par sa carte de visite, comme font les Chinois.

J’ai passé le temps le mieux du monde à Biarritz. Nous avons eu la visite du roi et de la reine de Portugal. Le roi est un étudiant allemand très-timide. La reine est charmante. Elle ressemble beaucoup à la princesse Clotilde, mais en beau ; c’est une édition corrigée. Elle a le teint d’un