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sa goutte et ses quatre-vingts ans. Ce sera une séance curieuse. Ampère a fait une histoire de César très-mauvaise, et en vers, par-dessus le marché ; vous comprenez bien toutes les allusions que M. Paradol trouvera à l’occasion de cette œuvre, oubliée aujourd’hui de tous, excepté des burgraves. Jules Janin est resté à la porte, ainsi que mon ami Autran, qui, étant Marseillais, pour tout potage, a voulu se faire clérical et a été abandonné par ses amis religieux. Vous aurez su peut-être que M. William Brougham, frère de lord Brougham et son successeur à la pairie, vient d’être pris à peu près la main dans le sac dans une affaire d’escroquerie assez laide. Cela fait grand scandale ici, parmi la colonie anglaise. Le vieux lord Brougham fait bonne contenance ; il est, d’ailleurs, parfaitement étranger à toute cette vilenie.

Je lis, pour me faire prendre patience et m’endormir, un livre d’un M. Charles Lambert, qui démolit le saint roi David et la Bible. Cela me semble très-ingénieux et assez amusant. Les cléricaux sont parvenus à faire lire et à rendre populaires des livres sérieux et pédants où, il y a