Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au Journal des Savants et chez Michel Lévy ; je n’entends parler ni de l’un ni de l’autre. Le nombre d’Anglais devient tous les jours plus effrayant. On a bâti sur le bord de la mer un hôtel à peu près aussi grand que celui du Louvre et qui est toujours plein. On ne peut plus se promener sans rencontrer de jeunes miss en caraco Garibaldi avec des chapeaux à plumes impossibles, faisant semblant de dessiner. Il y a des parties de croquet et d’archery, où il vient cent vingt personnes. Je regrette beaucoup le bon vieux temps où il n’y avait pas une âme. J’ai fait la connaissance d’un goëland apprivoisé à qui je donne du poisson. Il l’attrape en l’air toujours la tête la première et en avale qui sont plus gros que mon cou. Vous rappelez-vous une autruche que vous avez failli étrangler au Jardin des plantes (dans le temps où vous l’embellissiez de votre présence) avec un pain de seigle ? Adieu, chère amie ; je pense revenir bientôt à Paris et vous retrouver avec grand bonheur.

Adieu encore.