Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’argent ont vu de très-mauvais œil la nomination de M. *** à la Banque ; mais on ne sait pas que, lorsque quelqu’un est bien posé comme propre à rien, on le comble. C’est la coutume. M. *** est allé à la Banque, son bonnet de coton dans la poche, comptant y coucher le lendemain de sa nomination. On lui a dit que tout était prêt pour le recevoir, seulement qu’il voulût bien accomplir une petite formalité, c’est de justifier de la propriété de cent actions de ladite Banque. M.*** ignorait complétement ce petit article de la charte de l’établissement qu’il va gouverner. Grand embêtement, d’autant plus qu’on ne trouve pas cent de ces actions dans le pas d’un cheval, et qu’il faut, outre l’argent, quelques semaines au moins pour se les procurer. Vous voyez comment il connaît son affaire. Il y a encore un grand scandale qui amuse les gens pervers. Mais je ne vous le raconterai pas, de peur de vous mettre en colère.

Adieu, chère amie.