Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cils peints, et du blanc. Cela m’a fait horreur.

Avez-vous lu le livre d’About[1] ? Je l’ai à votre service. Je ne sais s’il a beaucoup de succès. Il y a beaucoup d’esprit cependant. Peut-être les cléricaux ont-ils eu assez de bon sens pour ne pas l’excommunier, ce qui est le plus sûr moyen de faire lire un livre. C’est comme cela qu’ils ont procuré un succès très-profitable, pécuniairement parlant, à Renan ; on m’a dit qu’il avait gagné cent sept mille francs à son idylle. J’ai encore à vos ordres trois gros volumes de Taine sur l’histoire de la littérature anglaise. C’est très-spirituel et même très-sensé. Le style est un peu recherché, mais cela se lit avec grand plaisir. Ou bien encore deux volumes de M. Mézières sur un sujet analogue, les contemporains et les successeurs de Shakspeare. C’est du Taine réchauffé, ou plutôt refroidi. Quant aux romans, je n’en lis plus.

Nous allons nommer demain à l’Académie le Marseillais Autran ou Jules Janin. Le premier selon toute apparence. Mon candidat sera battu. Je me promets de ne plus aller à l’Académie que

  1. Le Progrès.