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CCLXXIII

Mercredi, 13 avril 1864.

Chère amie, j’ai bien regretté votre départ ; vous auriez dû me dire encore une fois adieu.. Vous m’auriez trouvé fort dolent. Je souffre toujours de mes oppressions, malgré l’arsenic et le reste. Depuis que le froid s’est adouci, je commençais à me porter mieux, mais j’ai attrapé un rhume qui me met plus bas que jamais. Je ne sors guère ; cependant, j’ai voulu voir mes maîtres, que j’ai trouvés en très-bonne santé. Cela m’a procuré l’avantage de voir les modes nouvelles, que j’ai médiocrement admirées, surtout les basques des femmes. C’est un signe de vieillesse. Je ne puis digérer les coiffures. Il n’y a pas une femme qui se coiffe pour la figure qu’elle a ; toutes prennent leur style sur des têtes à perruque. Un de mes amis que j’ai rencontré là m’a présenté à sa femme, qui est une jeune et jolie personne ; elle avait un pied de rouge, les