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sur les Alpes, mais nous sommes dans une oasis privilégiée. On nous dit que tout est sous la neige aux environs. À Marseille, à Toulon et même à Hyères, on dit que la terre en est couverte. Je me représente un Marseillais en temps de neige. C’est quelque chose comme un chat sur la glace avec des coquilles de noix aux pattes. Il y a très-longtemps que, même à Cannes, on n’a vu un hiver si beau et si bénin.

Je suis charmé qu’Aristophane ait eu l’heur de vous plaire. Vous me demandez si les dames athéniennes assistaient aux représentations ? Il y a des savants qui disent oui, il y en a qui disent non. Si vous étiez allée voir Karagueuz lorsque vous étiez en Orient, vous y auriez trouvé sans doute beaucoup de femmes. En Orient, aujourd’hui et autrefois, dans l’antiquité, on n’a et on n’avait pas la pruderie que vous avez à présent ; on voyait à chaque instant des hommes en costume de natation, et il y avait dans tous les carrefours des statues de divinités qui donnaient aux dames des idées exagérées de la nature humaine. Comment appelez-vous cette comédie où l’on habille Euripide en femme ? Comprenez-vous la mise