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que le diable n’emporte tout, à cause du livre de ce même M. Renan ? Puisque vous lisez les lettres de Cicéron, vous devez trouver qu’on avait bien plus d’esprit de son temps que du nôtre. Je suis accablé de honte toutes les fois que je pense à notre XIXe siècle et que je le trouve de toute façon si inférieur à ses prédécesseurs. Je crois vous avoir fait lire les Lettres de la duchesse de Choiseul. Je voudrais bien qu’on essayât d’imprimer aujourd’hui celles de la plus belle de nos lionnes. Je vous quitte pour aller pêcher à la ligne, ou plutôt pour voir pêcher, car je n’ai jamais pu prendre un poisson. Mais le mieux de la chose, c’est qu’on en fait au bord de la mer une soupe excellente, pour ceux qui aiment l’huile et l’ail. Je suppose que vous êtes de ces derniers.

Vous trouverai-je à Paris au commencement de novembre ? Je compte pouvoir y passer tout le mois, sauf peut-être quelques jours à Compiègne, si ma souveraine m’y invite pour sa fête. Adieu, chère amie.