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m’écrit, d’ailleurs, que la discussion de l’adresse n’aura aucun intérêt, et que tout se passera en douceur et rapidement. Je suis à présent assez bien, un peu dolent toujours, mais je recommence à sortir et à mener mon train de vie ordinaire. Le temps est admirable ; pourtant, ce climat-ci est un peu traître. Je devrais moins que personne m’y laisser prendre. Tant que le soleil est sur l’horizon, on se croirait en juin. Cinq minutes après vient une humidité pénétrante. C’est pour avoir admiré trop longtemps les beaux couchers de soleil que j’ai été malade. On me dit que vous n’avez pas eu de froids vifs, mais des brouillards et de la pluie. Autour de nous, il est tombé une quantité de neige incroyable, et rien n’est plus beau en ce moment que la vue de nos montagnes toutes blanches entourant notre petite oasis verdoyante. Comment avez-vous passé votre temps ? Avez-vous échappé aux rhumes, et quelle vie menez-vous ? Je passe mes soirées à faire de la prose pour le Journal des Savants. Cet animal de Chmielniçki n’en finit pas et je crains qu’il ne me coûte encore deux articles avant que je puisse faire son oraison funèbre ; j’en ai déjà fait trois