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autre lieu que Cannes, partout où il y aurait seulement la cuisinière bourgeoise à lire, je n’aurais pas ouvert ce volume. C’est une histoire carthaginoise quelques années avant la seconde guerre punique. L’auteur s’est fait une sorte d’érudition fausse en lisant Bouillet et quelque autre compilation de ce genre, et il accompagne cela d’un lyrisme copié du plus mauvais de Victor Hugo. Il y a des pages qui vous plairont sans doute, à vous qui, à l’exemple de toutes les personnes de votre sexe, aimez l’emphase. Pour moi qui la hais, cela m’a rendu furieux. Depuis que je suis ici, et particulièrement depuis la pluie, j’ai poursuivi ma artine cosaque. Cela sera, je le crains, bien long. Je vais envoyer ces jours-ci un second article à Paris, et ce ne sera pas le dernier. Je m’aperçois que j’ai oublié d’emporter avec moi une carte de Pologne, et je suis embarrassé pour écrire les noms polonais dont je n’ai que la transcription en russe. Si vous aviez à votre portée quelque moyen d’information, tâchez de savoir si une ville qui en russe s’appelle Lwow, ne serait pas par hasard la même que Lemberg en Gallicie. Vous me rendrez un grand service. — Adieu, chère amie, j’espère