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moi. J’ai eu de très-ennuyeux jours depuis votre départ. Ma pauvre vieille Caroline est morte chez moi, après avoir beaucoup souffert ; me voilà sans cuisinière et ne sachant pas trop comment je ferai. Après sa mort, ses nièces sont venues se disputer sa succession. Il y en a une cependant qui a pris son chat, que je me proposais de garder. Elle a laissé, à ce qu’il paraît, douze ou quinze cents francs de rente. On m’a démontré qu’elle n’a pu amasser tout cela avec les gages qu’elle avait chez moi, et cependant je ne crois pas qu’elle m’ait jamais volé, je m’abonnerais bien à l’être toujours de même. Je pense beaucoup à avoir un chat semblable à feu Matifas, qui vous trouvait si à son gré ; mais je vais partir pour les Pyrénées et je n’aurai pas le temps de l’éduquer. On me dit que les eaux de Bagnères-de-Bigorre me feront le plus grand bien. Je les crois parfaitement sans pouvoir ; mais il y a de belles montagnes dans le voisinage et j’ai des amis dans les environs. M. Panizzi doit venir me prendre le 5 août ; nous reviendrons ensuite en faisant un grand tour par Nîmes, Avignon et Lyon. — J’espère arriver à Paris en même temps que vous.