Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Excellence menacée, portait ses doléances sans discernement à amis et ennemis. Il n’y a rien de tel qu’une forte préoccupation pour faire dire des bêtises, surtout lorsqu’on en a l’habitude. Ô platitude humaine ! La femme, au contraire, a été très-belle de calme et de sang-froid, sans parler des bons conseils et des démarches. Il me semble que l’on a seulement ajourné la bataille et qu’elle est inévitable sous peu. Que dit-on de la lettre de l’empereur ? Je la trouve très-bien. Il a un tour à lui pour dire les choses, et, quand il parle en souverain, il a l’art de montrer qu’il n’est pas de la même triviale pâte que les autres. Je crois que c’est exactement ce qu’il faut à cette magnanime nation, qui n’aime pas le commun.

Hier, la princesse de ***, qui prenait du thé, a demandé à un valet de pied de lui aborder ti sel bour le bain. Le valet de pied est rentré, au bout d’une demi-heure, avec douze kilogrammes de sel gris, croyant qu’elle voulait prendre un bain au sel. — On a apporté à l’impératrice un tableau de Müller qui représente la reine Marie-Antoinette dans une prison. Le prince impérial a demandé qui était cette dame et pourquoi elle n’était pas