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nement furieux contre lui. On a découvert qu’il avait tué sa femme et probablement bien d’autres personnes. Maintenant qu’il s’est livré, les choses ont changé complétement, et, s’il a un bon avocat, il se tirera d’affaire, et nous lui tresserons des couronnes.

Vous savez ou vous ne savez pas qu’il y a un nouveau chancelier, lord B***, qui est vieux, mais a des mœurs qui ne le sont pas. Un avocat nommé Stevens envoie son clerk porter une carte au chancelier ; le clerk s’informe ; on lui dit que milord n’a pas de maison à Londres, mais qu’il vient souvent de la campagne dans une maison d’Oxford-Terrace, où il a un pied-à-terre. Le clerk y va et demande milord. « Il n’y est pas. — Croyez-vous qu’il revienne pour dîner ? — Non, mais pour coucher, certainement ; il couche ici tous les lundis. » Le clerk laisse la lettre, et M. Stevens s’étonne beaucoup que le chancelier lui fasse une mine affreuse. Le fond de la question, c’est que milord a là un ménage clandestin.

Je suis à Londres depuis jeudi, et je n’ai pas encore eu un moment de repos ; je cours depuis le matin jusqu’au soir. On m’invite à dîner tous les