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16 juillet 1861. Londres, British Museum.

Je vois par votre dernière lettre, chère amie, que vous êtes aussi occupée qu’un général en chef la veille d’une bataille. J’ai lu dans Tristram Shandy que, dans une maison où il y a une femme en mal d’enfant, toutes les femmes se croient le droit de brutaliser les hommes ; voilà pourquoi je ne vous ai pas écrit plus tôt. J’ai eu peur que vous ne me traitassiez du haut de votre grandeur. Enfin, j’espère que votre sœur s’est bien acquittée et que vous n’avez plus d’inquiétudes. Cependant, je serai bien aise que vous m’en donniez avis officiellement ; cela ne veut pas dire que vous m’envoyiez une lettre de faire part imprimée.

On ne parle ici que de l’affaire de M. Vidil. Je l’ai un peu connu à Londres et en France, et je le trouvais fort ennuyeux. Ici, où l’on n’est pas moins gobe-mouche qu’à Paris, ç’a été un déchaî-