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comme vous faites. Lorsque je reviens de Cannes, je suis toujours horrifié à l’aspect des arbres sans feuilles et de la terre humide et morte. J’attends votre gebira avec grande dévotion. Si les broderies sont aussi merveilleuses que la bourse à tabac que vous m’avez envoyée, ce doit être quelque chose d’admirable. J’espère que vous avez rapporté pour vous des costumes et quantité de jolies choses que vous me montrerez. Je ne sais si vous avez à *** d’aussi bon catholiques que nous en avons à Paris. Le fait est que les salons ne sont plus tenables. Non-seulement les anciens dévots sont devenus aigres comme verjus, mais tous les ex-voltairiens de l’opposition poli tique se sont faits papistes. Ce qui me console, c’est que quelques-uns d’entre eux se croient obligés d’aller à la messe, ce qui doit les ennuyer passablement. Mon ancien professeur M. Cousin, qui n’appelait jamais autrefois le pape que l’évêque de Rome, est converti à présent et ne manque pas une messe. On dit même que M. Thiers se fait dévot, mais j’ai peine à le croire, parce que j’ai toujours eu du faible pour lui. Je conçois que vous ne puissiez pas à présent