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pas de quoi s’émouvoir. Le bon a été que M. Walewski, à qui je voulais faire donner un beau budget, s’est offensé du bien que je disais de son prédécesseur, et a bravement déclaré qu’il votait contre ma proposition. M. Troplong, près duquel je suis placé, en ma qualité de secrétaire, m’a fait tout bas son compliment de condoléance : à quoi j’ai répondu qu’on ne pouvait pas faire boire un ministre qui n’avait pas soif. On a rapporté cela tout chaud à M. Walewski, qui l’a pris pour une épigramme, et, depuis lors, me fait grise mine ; mais cela ne m’empêche pas de mener mon fiacre.

Le second ennui de ce temps-ci, c’est le dîner en ville, officiel ou autre, composé du même turbot, du même filet, du même homard, etc., et des mêmes personnes aussi ennuyeuses que la dernière fois.

Mais le plus ennuyeux de tout, c’est le catholicisme. Vous ne vous figurez pas le point d’exaspération où les catholiques en sont venus. Pour un rien, on vous saute aux yeux, par exemple si l’on ne montre pas tout le blanc de ses yeux en entendant parler du saint martyr, et si l’on