Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une nouvelle édition à Londres, et vous voudrez le lire. Au fond, cela n’est pas fort.

Écrivez-moi vite, je vous en prie, car j’ai bien besoin de vous voir pour oublier toutes les horreurs de ce monde.

CLXXIII

Londres, British Museum, mardi soir, 28 avril 1858.

Le temps passe si vite dans ce pays et les distances sont si grandes, qu’on n’a pas le temps de faire la moitié de ce qu’on veut. Je viens de promener le duc de Malakoff dans le musée, et il ne me reste que quelques minutes pour vous écrire. Vous saurez d’abord que j’ai été très-souffrant pendant deux jours, effet que produit toujours sur moi la fumée de charbon de terre. Mais, après, je me suis trouvé meilleur que neuf. Je mange beaucoup, marche beaucoup ; seulement, je ne dors pas mon saoul. Je vais beaucoup dans le monde, ce qui ne m’amuse que médiocrement. La crinoline n’est pas portée ici au point où elle