Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accommode très-bien. Si vous la voyez, parlez-lui de moi et de nos représentations théâtrales en Espagne. On me disait que son frère, qui est un très-aimable garçon, très-joli et poëte par-dessus le marché, devait aller passer quelque temps avec elle à Alger. Adieu, chère amie ; portez-vous bien et ayez soin de vous !

CCXXXIV

Paris, 21 mars.

Chère amie, je vous remercie de votre lettre. Je suis, depuis mon retour à Paris, dans un abrutissement complet. D’abord, notre représentation au Sénat, où, comme M. Jourdain, je puis dire que jamais je n’ai été si saoul de sottises. Tout le monde avait un discours rentré qu’il fallait faire sortir. La contagion de l’exemple est si forte, que j’ai délivré mon speech, comme une personne naturelle, sans aucune préparation, comme M. Robert Houdin. J’avais une peur atroce ; mais je l’ai très-bien surmontée, en me disant que j’étais en présence de deux cents imbéciles et qu’il n’y avait